2 avril 2007
poisson d'avril
1er avril 2007
Des nouvelles très chaudes, trop chaudes puisque nous atteignons quotidiennement les 40-45°C. Eric Orcenna dit bien que Tambacounda, c’est la région du Sénégal où les moustiques frient en vol…
Depuis le dernier courrier, nous avons eu la visite de Paul Deram, notre maître de stage, accompagné de Bruno Richomme, du groupe Soufflet. C’est en effet le groupe Soufflet qui est susceptible de financer le projet de ferme que le Kinkéliba souhaite construire. Notre travail a donc pris une tournure très concrète, notre dossier d’ « analyse prospective » sur ce projet d’exploitation agricole fut très utile et félicité même (ben oui, on peut bien se jeter des fleurs un peu…). Une ferme en production maraîchère et fruitière devrait voir le jour, peut-être dès le mois de juillet prochain, c’est-à-dire au début de l’hivernage. Le terrain, en bord de Gambie, fait rêver à une très jolie exploitation que les hippos surveilleraient du coin de l’œil, et où les singes viendraient sans doute plus d’une fois chiper des fruits et des tomates.
Nous avons aussi annoncé à Paul Deram que nous avons pris la décision d’anticiper notre retour. C’est peut-être ça qui résumerait la vie au centre…Reste maintenant à trouver des billets !!
Nos formations auprès des producteurs de bananes sont toujours aussi intéressantes, et la barrière des langues : poulard, mandingue, wolof, « mais c’est quelle langue que vous parliez, là, Mamadou ?? » , toujours aussi frustrante.
La visite de Môsieur le Président du Kinkéliba, Docteur Gilles DEGOIS, a également marqué ce mois de mars. Des américains étaient en visite avec lui ; ce sont des donateurs de la « filiale » américaine du KKBA, l’association American Friends of Le Kinkéliba. Nous avons fait connaissance avec la fougue de Gilles, ses grandes et nobles idées sur le Développement du Sénégal et de l’Afrique. Nous avons aussi un peu plus découvert les nombreuses réalisations du KKBA, qui fête ses 10 ans d’actions dans la région. Pleins de choses chouettes, au final, mais nous restons parfois perplexes. Lui-même, Monsieur Le Président, se fâche à l’occasion d’une réunion du personnel, à propos des graves disfonctionnements du centre… Alors que Madame La Directrice, impose à l’association un choix : « c’est lui ou moi ». Le Docteur, censé être le socle de cette structure, devrait donc faire ses valises bientôt. Ca ressemble à une série B de très mauvaise qualité.
Un court séjour nous permet de découvrir Sinthian, petit village coupé du monde où le KKBA s’implanta il y a 10 ans de ça, pour y construire un poste de santé qui fonctionne avec les finances des adhérents (villageois) à une mutuelle de santé sans toubab, autonome, et qui marche ! Le Dr Bâ, un jeune thiessois de 25-30 ans, y exerce avec convictions, efficacité et simplicité. Un bel exemple, impressionnant !
En fin du mois de mars, voyez les photos du Cross Anti-sida, une course à vélo entre Dialacoto, village à 14km de Wassadou sur la route vers Kédougou, et le centre. Premier évènement du genre organisé par la Maison Médicale, ce fut une journée sympa.
Plus à chaud, voici mes pensées d’hier soir, samedi 31 mars.
Ce soir c’était celui de la chouette conversation avec Doc Koné, dans la cuisine de la Maison Médicale (où nous mangeons chaque soir). Au menu : Mr le Président pour commencer, les manquements du personnel médical en ce jour de Cross, la réunion de l’équipe médicale en présence de Mr le Président, et bien sûr Mme La Directrice en digestif. Incontournable Mme La Directrice. Mais ce soir je veux écrire du Sénégal de chouettes pensées.
Récemment nous sommes allés à Sinthian où nous avons rencontré Dr Magueye Bâ, Angélique et la jolie Fatou-Micheline. Charles (chef du village de NGuène) nous a fait visiter les parcelles d’ « expérimentation » de Nguène 2, et deux chevreaux, nés la veille juste après un très rapide passage pour annoncer notre visite du lendemain, portent les noms de Pierre et Soizick dans le fin fond de cette brousse sénégalaise.
A Sinthian Dr Bâ est connu par tous, et payé par la Mutuelle des villageois de Saal, Koar, Sinthian, NGuène. Le KKBA a payé les bâtiments et est bien sûr pour beaucoup dans l’existence et le maintien de cette structure qui fête ses 10 ans. Mais Dr Bâ vit aux frais des mutualistes ses patients et voisins. C’est probablement ça qui fait toute la différence entre son état d’esprit et celui qui règne à la Maison Médicale.
Souvent, après le repas du midi, nous honorons le rite de l’ « ataya » (thé en wolof). Du Sénégal nous avons (au moins…) aimé et adopté ça : les deux heures du cérémonial du thé, alors que le soleil brûle la terre, explose le thermomètre, renvoie tout être vivant censé au fond de sa tanière, dans l’attente d’un climat moins impitoyable.
Alors nous discutons. Trop souvent, bien sûr, de la Maison Médicale. Mais aussi de nos projets pour les mois à venir – quel programme étant donné notre décision d’un retour anticipé ? Et, souvent aussi, nous partageons l’un et l’autre nos doutes, nos regrets, nos interrogations face à cette impression que nous avons d’être déçus du Sénégal. Qu’avons-nous manqué ? Que n’avons-nous pas compris ? Que faire pour ne pas rentrer amers, et pour ne pas finir ce séjour aigris ? Peut-être ne sommes-nous pas faits pour le Développement ? Peut-être ce développement nous rebute trop pour découvrir avec de bons yeux cette brousse sénégalaise… ?
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