Prise de marque...
23/01/2007 On prend nos marques…
Quelques nouvelles fraîches. Notre installation se précise. On s’est aménagé un calendrier de travail pour s’assurer d’une activité et vaincre l’ (mon) angoisse de l’oisiveté. Acte peut-être purement psychologique, mais ça porte ses fruits. On accepte ainsi de prendre notre temps, beaucoup, de s’activer, un peu, mais toujours au rythme sénégalais.
Aujourd’hui nous devions nous rendre auprès du GIE de Touba Bady, pour les voir travailler. A l’arrivée sur la plantation, c’est le calme plat. Tous les hommes sont en fait réunis autour de la motopompe, tout au bord de la Gambie. En cours d’arrosage ce matin le tuyau qui joint le fleuve aux périmètres irrigués a explosé. Ils s’affairent à le déterrer pour le remplacer. Ce qui devait être une observation de terrain de leurs pratiques culturales se transforme en une discussion théorique sur l’inefficacité de leur fédération. Ma Maman me dit toujours, « on a les élus qu’on mérite ». Mais Mamadou ne veut pas m’entendre, il me rétorque que le tort est à porter sur la corruption des élus, et la non-capacité des producteurs à prendre leur responsabilité. Je me demande ce qu’en penserait Tonton Henri (dont je lis le livre en ce moment…). Discussion peu productive, nous nous heurtons à l’inertie des institutions, à la déconnection entre celles-ci et les hommes de terrain. Nous nous demandons l’utilité d’une formation pour l’amélioration de leurs pratiques culturales, quand ils condamnent les surfaces plantées il y a 9 mois, car elles n’ont reçu aucun fumier, et s’apprêtent à faire de même pour des surfaces plus récentes. Il n’y a « pas de moyen » (terme que l’on entend au moins une fois par jour ici) pour aller chercher le fumier là où il se trouve, à 20km de la plantation.
Début de journée pas tout à fait comme prévu donc. Nous passons boire un coup chez Bernard et Marianne, des blancs (lui retraité de chez Total !) installés ici. Pourquoi pas aller cueillir des citrons ? Allez, c’est parti. Et puis, finalement, on rentre manger, mais on finit à pied (2kms en plein cagnard…), car le pneu de la 4L (R4 ici) rend l’âme, et il manque une clé pour le démonter… Ah, l’Afrique. Mais attendez la suite.
On traîne encore pas mal de temps sur la « place du village » de Wassadou. C’est le temps qu’il faut pour faire comprendre au soudeur (‘menuisier métallique‘) ambulant ce à quoi ressemble l’outil qu’on lui demande, et pour discuter avec les vendeuses de bananes.
A Dialakoto, la rencontre avec un conseiller agricole se révèle très intéressante. Un gars de terrain, mais qui a pas mal de recul. Enrichissant, donc. Nous finissons notre journée par une visite au périmètre maraîcher du groupement de femmes de Dialakoto. Elles sont impressionnantes, à tirer l’eau d’un puit pour arroser 1ha de maraîchage à l‘arrosoir.
Finalement, retour vers le centre, c’était sans compter une petite aventure panne de voiture. La R4 n’accélère plus, s’arrête sous les ‘Non de Dieux de Bon Dieu’ de Pitou. Mamadou resté zen joue les Mc Gyver et nous repartons…
Sénégalaisement vôtre, on pense bien à vous…
Soizick